Quand les « apps » invitent à des « jeux » dangereux
25 août 2014 - 12:04,
Actualité
- DSIH l D.L.Le site iMedicalApps, aux Etats-Unis, s’est fait une spécialité de commenter (pour ne pas dire évaluer) les applications mobiles de santé, qu’elles soient professionnelles ou grand public. Ce qui conduit son rédacteur en chef et fondateur à régulièrement clouer des « apps » au pilori. Le sérieux de son équipe est maintenant reconnu au point que ses contributeurs (médecins et internes en médecine) ont acquis un statut d’expert auprès de nombreuses publications scientifiques.
Mi-juillet, le Dr Iltifat Husain mettait en garde vis-à-vis d’une application qui, bien que parmi les plus téléchargées (elle a pris place au Top 10 !), se révèle dangereuse pour les patients. Elle propose en effet de mesurer la pression artérielle … en se contentant d’utiliser son iPhone, le micro placé sur le cœur et un doigt devant l’objectif de l’appareil photo ! Cela rappelle au médecin cette appli qui offrait, il y a quelques années, de traiter l’acné grâce à la luminosité du téléphone. Dénoncée par iMedicalApps, elle avait fini par être retirée du marché par la FTC (Federal Trade Commission).
Ce qui fait moins rire Iltifat Husain aujourd’hui c’est de constater que les utilisateurs se laissent prendre – et sont même prêts à payer 3,99 dollars – en étant persuadés de pouvoir gérer ainsi leur hypertension, comme l’attestent les commentaires recueillis sur l’appstore. Cela sans prêter attention à un avertissement précisant que l’application a un but de divertissement : « for entertainment purposes only ». Quelques mots par lesquels les développeurs s’exonèrent de plus en plus souvent d’avoir affaire avec une quelconque réglementation. La question de la régulation mise à part, le médecin se déclare « terrifié » à l’idée des risques potentiels que ce type d’application peut faire prendre. « La gestion de la pression artérielle n’est pas un jeu. C’est la vraie vie. Ce n’est pas un divertissement », insiste-t-il.
Les risques sont d’autant plus sensibles que le marché de la santé mobile est dominé par de petites structures, comme l’a souligné la Commission européenne dans son récent Livre vert : 30% des sociétés de développement d'applis mobiles sont des entreprises unipersonnelles. Ont-elles alors la volonté et les moyens de s’assurer de la qualité clinique de leurs solutions, de détecter et de corriger les risques ?